MARDI
15 SEPTEMBRE 2015 - Jour 23 - de NOME à ANCHORAGE - (Alaska - U.S.A.)
06h15, le Soléal
jette l'ancre au large de Nome, modeste agglomération de 3.500 habitants, perdue
à l'ouest de l'Alaska. La nuit s'achève et l'on voit vers l'est les toutes
premières lueurs de l'aube au-dessus de la côte.
08h15, nous rejoignons
la marina du Soléal. Le Commandant est présent pour souhaiter un bon retour à
chaque passager et trois élèves-officiers sont également là pour aider à
l'embarquement dans le "tender". On se rassure en se disant que la
mer n'est pas si grande et qu'un jour peut-être nos routes se croiseront
ailleurs sur un autre bateau. Une façon élégante d'exprimer le plaisir
réciproque d'avoir navigué ensemble…
Durant le
transfert en tender, nous croisons plusieurs petites dragues. La ruée vers l'or
est terminée depuis longtemps à Nome. Pourtant, quelques uns ont toujours
espoir de faire fortune en remuant les fonds sableux peu profonds au large de
Nome. Bon nombre de ces dragues sont également à quai dans le port.
Une fois
débarqués du tender, nous prenons place dans un bus scolaire jaune
"typical U.S." qui, après un rapide tour d'orientation, nous laisse
au pied d'une église désaffectée sur la place centrale de Nome.
Nome a connu son
heure de gloire à l'époque de la ruée vers l'or à partir des années 1890. La
période faste s'est étalée sur une dizaine d'années. Tous les chercheurs d'or,
les aventuriers, les hors-la-loi de tous poils sont arrivés là, au bout de la
piste sans possibilité d'aller plus loin, pour draguer tous les marécages de
l'arrière-pays de manière anarchique. La découverte d'or dans le sable des
plages en 1900 a relancé les convoitises pour les quelques années suivantes.
Nome est née de
cette époque et en garde de profondes traces dans son architecture et son
urbanisme. En déambulant dans Front Street, l'artère principale de Nome, on
s'attend à voir arriver… Lucky Luke et Jolly Jumper ou la diligence de la Cie
Wells Fargo ! Une rue bien trop large qui ne mène nulle part, bordée de petits
bâtiments en bois, quelques saloons, des échoppes (poussiéreuses) de négoce
d'or, des petits magasins d'une autre époque, un hôtel miteux, une banque. Tout
le far west est là ! Ne manquent que les Dalton, le croque-mort ténébreux et le
vautour impassible perché sur son poteau télégraphique. Ambiance !
L'Histoire du
Passage du Nord-Ouest et celle du Pôle Nord nous rattrapent ici. Nome était la
première escale de l'explorateur norvégien Amundsen après qu'il ait vaincu le premier
le Passage en 1906. Et en 1925, il atterrira en ballon dirigeable à Teller, non
loin de Nome, après avoir survolé le Pôle Nord. Une statue d'Amundsen commémore
ces deux évènements devant un bâtiment administratif, dans Front Street.
Buste de Roald Amundsen dans Front Sreet En arrière-plan, des godets de drague reconvertis en bacs à fleurs |
Le retour
La visite de
Nome était une parenthèse dans notre voyage de retour. En tout début
d'après-midi arrive le moment du transfert vers l'aéroport et la prise de
conscience brutale des tracasseries du monde actuel qu'on avait oubliées depuis
longtemps : les valises qu'il faut refaire en catastrophe pour 1 kilo de trop,
l'agent de sécurité trop zélé, la fouille très rapprochée au corps, le passage
des doigts à l'aspirateur d'explosifs, etc, etc…
Sur le tarmac de Nome Airport |
Survol de Nome. Dernier regard vers le Soléal, à droite de l'image |
Il est presque
plus facile d'aller au bout du monde que d'en revenir ! Vol Nome - Anchorage,
une (très) courte nuit, puis vol Anchorage - Seattle, et enfin Seattle - Paris
en survolant le sud de l'île Baffin au Canada et Kangerlussuaq au Groenland. La
boucle est bouclée !
Merci du partage de votre balade tout là-haut :) c'était très intéressant de la découvrir au fil des jours.
RépondreSupprimerMerci Paul, pour l'assiduité dans la lecture de ce récit. Cela fait d'autant plus plaisir, sachant ton grand intérêt pour les régions polaires. Cordialement. JJM
SupprimerMerci infiniment JJ pour ce récit, comme toujours j'apprécie particulièrement ta façon d'écrire qui permet de partager (au moins un peu) les émotions que tu as pu ressentir, dans ce voyage qui n'en manquait pas.
RépondreSupprimerC'est vrai que ce long voyage a été passionnant, tant sur le plan de l'histoire que de la diversité des paysages. Il n'y a jamais eu deux journées semblables. Des moments très forts ont également ponctués le parcours. Une croisière unique ! JJM
SupprimerUn blog agréable à lire et très intéressant qui nous apprend beaucoup de choses sur les régions polaires. Et en plus c'est plein de belles photos !
RépondreSupprimerThib
En cherchant des informations et des images relatives au récent incendie du Boréal, j'ai découvert par hasard le récit de votre équipée arctique. Remarquable et complet! (je sais le mesurer car je suis moi-même le rédacteur d'un article consacré à cette croisière Ponant). En effet j'étais du nombre des passagers. Vous évoquez la passerelle de commandement et votre assiduité aux conférences. Ainsi nous avons dû nous côtoyer tôt le matin -en silence- près de l'officier de quart et sans doute plus souvent en attendant les conférenciers. Je pense que vous occupiez au théâtre les deux places d'extrémité centrale de la première travée, à gauche en regardant la scène. C'étaient presque vos ''fauteuils réservés''! Je n'étais jamais bien loin. Voilà presque une enquête policière (!). Le regret me gagne, quand je découvre sur votre page les différentes routes maritimes que vous avez suivies loin du douillet confort du Soléal. J'aurais aimé échanger avec vous à leur propos.
RépondreSupprimerBon vent pour vos prochaines aventures, s'il vous reste encore quelques mers à....parcourir!
JFR.
Bonjour,
SupprimerVoilà une "enquête policière" bien menée !
Je pense deviner qui vous êtes.
Merci de m'envoyer votre adresse mail par le même canal. Je l'effacerai de ce site dès réception.
Cordialement.
JJM