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LES FJORDS DU NORD-OUEST

Mardi 27 Mai 2014

Si en Bretagne il peut faire beau plusieurs fois par jour, ici en Islande, il se dit qu'il suffit d'attendre juste cinq minutes pour trouver du temps à sa convenance. Eh ben, on ne peut pas dire que nous soyons récompensés de notre patience. La météo est désespérément stable depuis notre arrivée dans le pays et la matinée ne s'annonce pas meilleure que les précédentes.


Welcome in Iceland !
  
L'arrivée dans le petit port de Flateyri se fait dans la grisaille. Nouvelle escale inaugurale. L'accostage se fait en douceur, mais on voit que les deux lamaneurs sur le quai ne sont pas habitués à l'arrivée d'un bateau si imposant et ont des difficultés à manipuler les lourdes aussières.

Welcome to Flateyri !

Il faut dire que Flateyri ne compte que 300 âmes et une poignée de chalutiers. Le trafic maritime ne doit pas être bien important.
Flateyri s'étale sur une courte péninsule et l'on se demande ce qui a pu motiver l'organisateur de la croisière pour y faire escaler le FRAM… Avant même de débarquer, nous comprenons que le tour du village sera vite bouclé.
Malgré l'heure matinale, tous ceux qui ont quelque chose à vendre ou à faire voir, ont ouvert spécialement leur échoppe ou leur maison pour tenter de capter les économies de la clientèle du FRAM… avec plus ou moins de succès semble-t-il.
Nous visitons la librairie du village où l'on vend des livres d'occasion au poids. Elle est installée dans une ancienne habitation et c'est le propriétaire des lieux qui nous reçoit. Un jeune homme bon chic, bon genre qui a revêtu le costume d'époque pour mieux se fondre dans le décor très kitsch de la maison de ses arrière-grands-parents.
Visite de l'église à l'intérieur joliment coloré. Deux jeunes filles y donnent un mini récital de voix et piano pour le plaisir de quelques passagers.
Pour en finir avec les hauts lieux du tourisme local, il ne nous reste plus qu'à escalader un gigantesque talus pare-avalanches. Le gouvernement islandais a fait transporter et mis en œuvre des millions de mètres cubes de remblais pour protéger le village. En 1995, une avalanche en avait enseveli une partie et fait une quarantaine de morts ; et quand ont voit la hauteur et la pente de la montagne en surplomb, on comprend mieux la nécessité d'un tel ouvrage.
C'est tout simplement colossal. Le talus de forme triangulaire permet de dévier la trajectoire de l'avalanche, le centre du triangle servant de rétention. Vu du village, cela n'a l'air de rien, mais une fois grimpé dessus on se rend compte de la hauteur importante de l'ouvrage qui domine largement l'agglomération. On nous avait également vendu la vue panoramique sur le fjord, mais ce matin, c'est raté !
  
Vue générale de Flateyri depuis le talus pare-avalanche

En début d'après-midi, le FRAM y va de ses trois coups de sirène en quittant Flateyri. Nous longeons maintenant de hautes falaises avant de pénétrer dans l'imposant fjord d'Isafjordur. La pluie a cessé mais l'air reste bien humide au point de brouiller le paysage. Les fjords du nord-ouest sont l'une des régions les plus spectaculaires d'Islande, c'est rageant de ne pouvoir admirer convenablement ces falaises grandioses que masquent les nuages bas.

En fin d'après-midi, le bateau jette l'ancre au fond du fjord au large de l'île de Vigur. Il y est prévu un débarquement à l'aide des PolarCircle Boats (PCB). (Les PolarCircle Boats sont de puissants bateaux de travail norvégiens qui ont été adaptés pour débarquer les passagers dans des lieux dépourvus de quai. Nous avions déjà testé leur robustesse et leur efficacité à toute épreuve en Antarctique). Le FRAM est éloigné de l'île et les PCB font la navette.
  
Ile de Vigur - La ferme et l'unique moulin à vent d'Islande

En dehors de son côté bucolique, cette île est réputée pour sa population aviaire abondante et variée qui piaille bruyamment : sternes, guillemots, macareux, huitriers-pie, mais surtout pour l'imposante population d'eiders. Les canes eiders sont en ce moment à couver partout dans l'herbe ou sur les galets des plages.
 
Ile de Vigur - Eider en train de couver

Une ferme occupait cette île dont il subsiste encore quelques bâtiments colorés caractéristiques. La saison venue, les enfants des fermiers se consacraient à la collecte du duvet d'eiders dans les nids.
21h00, le FRAM fait demi-tour vers le port d'Isafjordur. Et là, miracle ! L'air devient plus sec, plus pur, plus lumineux et les nuages prennent un peu d'altitude. On commence à voir quelque chose ! Enfin, je peux profiter des coursives extérieures et de la plate-forme avant du pont 5, cela commençait à me manquer de ne pouvoir assurer mes quarts régulièrement et ce soir, j'y reprends goût !
 
L'approche d'Isafjordur - Grandiose !

Isafjordur est abrité au fond d'une ancienne vallée glaciaire en forme caractéristique de U. Un vrai U aux flancs quasi verticaux où là neige peine à s'accrocher.
Les falaises noires striées de neige se reflètent dans l'eau lisse et sombre du fjord, le paysage se dédouble. Le bateau accoste doucement, une belle arrivée !






Le quart d'heure culturel

L'Islande, comment c'est fait ? (suite)

S'il n'y avait que des volcans en Islande, tout serait simple !

Située juste au sud du cercle polaire arctique, le pays subit chaque hiver de fortes chutes de neige, laquelle neige a une fâcheuse tendance à tomber en abondance sur les plus hauts sommets du pays, et à s'y accumuler au fil du temps sur des centaines de mètres d'épaisseur pour former des… glaciers.

Et en Islande, les plus hauts sommets ce sont les… volcans.

Les glaciers sont un élément important du paysage islandais représentant 11% du territoire, et le Vatnajökull, le plus grand de tous, recouvre trois des volcans les plus actifs du pays.

La nature islandaise est donc ainsi faite de la juxtaposition et de la confrontation de deux éléments antinomiques, la glace et le feu, qui naturellement vont en engendrer un troisième : l'eau.

Ainsi, lorsqu'un volcan un tant soit peu actif est situé sous un glacier, la chaleur fait fondre la glace et forme un lac sous-glaciaire dans le cratère. Lors d'une éruption, la pression du magma provoque la rupture de la paroi rocheuse, entrainant la vidange brutale du lac et libérant d'énormes quantités d'eau et d'immenses blocs de glace, phénomène que les Islandais dénomment "jökulhlaup".

Et mieux vaut ne pas se trouver sur le passage de cette débâcle colossale ! Ce fait n'est pas rare en Islande, surtout dans le sud. En 1996, une éruption du Grimsvötn avait provoqué de graves dégâts sur la zone côtière. Le "raz de marée" glaciaire balayant tout sur son passage avait emporté la route n°1 sur une dizaine de kilomètres et détruit 3 ponts routiers. Les paysages du sud du pays, sont ainsi rabotés par ces crues gigantesques, qui après leur passage ne laissent qu'un désert de pierraille et de sable noir à perte de vue.

Enfin, il faut également évoquer tous les phénomènes géothermiques dérivant de l’activité volcanique de l’Islande : geysers, sources d’eau chaude, solfatares, fumerolles, dépôts de soufre, etc…
 
 

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